Il y a quelques temps, lors d’un restaurant avec des amis, l’éternelle question revient sur le tapis : Mais dis-nous, pourquoi es-tu végétarienne ?

Et là, pas évident d’expliquer les convictions qui m’animent sans donner l’impression de juger leur régime alimentaire et de vouloir imposer le mien. Il y a quelques années, je répondais encore de manière très impulsive. J’ai compris par la suite que cette impulsivité venait principalement de la peur d’être jugée, de l’impression de devoir justifier ma manière de manger. Comme si je devais les convaincre que j’avais raison pour qu’ils se rallient à mon opinion. Mais cette impulsivité couplée à un peu « d’agressivité » me plongeait généralement dans une grande frustration : la réaction des autres ne comblait pas mes espérances : soit il y avait une totale incompréhension (un « dialogue de sourd »), soit de l’agressivité de leur part ou encore une sorte de moquerie. Ces échanges me blessaient beaucoup et j’en ressortais autant énervée contre moi-même que contre mes amis. Au fil de plusieurs prises de consciences, j’ai relevé plusieurs aspects qui me permettent maintenant de m’exprimer beaucoup plus sereinement sur les sujets qui me tiennent à coeur (et tous les autres…).

1) Nul besoin de se justifier :

Chacun a sa propre réalité. Le but d’échanger sur un sujet n’est pas de convaincre l’autre que j’ai raison, mais de lui partager ma « vérité » actuelle, tout en étant consciente que toute réalité/vérité est impermanente et qu’elle évolue avec le temps. Ainsi, le discours que je tiens aujourd’hui et différent de celui d’hier et de demain. Garder ce principe en tête permet également de s’éloigner du jugement des autres et de développer la tolérance.

2) Supprimer toute attente :

Bien souvent, je voulais convaincre les autres de se rallier à mes opinions. J’étais tellement certaines que ma vision des choses était la bonne que je ressentais une grande frustration de ne pas être comprise. Je ne comprenais pas pourquoi mon entourage ne se posait pas les mêmes questions que moi et ne voulait pas « évoluer » (encore une fois, selon mon point de vue de l’évolution…). Puis, j’ai compris que je ne pouvais pas avoir d’attentes envers les autres. Chacun possède son libre arbitre et a le choix d’agir comme il le souhaite. Avoir des attentes ne peut amener que déception et frustration. En sortir permet de retrouver une certaine sérénité, de sortir du jugement et ainsi de s’exprimer sans ressentir de pression.

3) S’éloigner du jugement.... et de la peur d’être jugée :

Il est nécessaire de comprendre que chacun peut avoir un point de vue différent sans forcément juger l’autre. Si je suis en paix avec mes valeurs, je n’ai pas à avoir peur de recevoir des critiques. Si effectivement j’en reçois, au lieu d’être blessée et de répondre par l’agressive, je me demande : pourquoi l’autre ressent le besoin de « m’attaquer » par le jugement ? Généralement, le jugement sous-entend un manque de confiance ou une peur d’être à son tour jugé dans ses principes. En intégrant cela, je m’éloigne de cette peur… Et d’ailleurs, « m’attaque-t-il » réellement ou est-ce juste mon impression? 

4) Utiliser le « message JE » :

Quand je donne mon avis, j’utilise des tournures impliquant seulement MON ressenti (valeurs, expériences personnelles, etc.). Je sors des phrases du « TU qui tue ». Par exemple, concernant le végétarisme, je ne vais pas dire « Je ne comprends pas les gens qui … » mais plutôt « J’ai une philosophie de vie qui … et je ne juge absolument pas les gens qui pensent différemment, car une de mes valeurs est le respect des vérités de chacun ». Si l’autre ne se sent pas jugé, un partage enrichissant basé sur l’écoute mutuelle peut alors prendre place.

Et vous ?

Quelle posture adoptez-vous pour exprimer votre avis ? Quelles anecdotes avez-vous à ce sujet ? Partagez vos expériences et questionnements en commentaires 🙂