Et si je vous proposais aujourd’hui de goûter à l’égoïsme, qu’en penseriez-vous ? Seriez-vous choqué, offusqué ? Quelles émotions fait remonter ce mot en vous ?

Dans notre société, on nous apprend depuis tout petit le contraire : partager, être gentil et solidaire, faire attention à l’autre, prendre soin de l’autre, se mettre à la place de l’autre, ne pas blesser l’autre, etc.
Bien que ces apprentissages partent d’une bonne intention, la conséquence est bien souvent que l’enfant commence à s’oublier au détriment des autres. Combien de fois ai-je entendu : « Je fais passer le bonheur des autres avant le mien », « Toute ma vie j’ai pensé aux autres avant de penser à moi », « Je n’ai pas osé réaliser mes rêves de peur de blesser mes parents », etc.

Voilà pourquoi je vous invite à tester l’égoïsme. Être égoïste ne signifie pas rabaisser l’autre, faire preuve de méchanceté, se sentir supérieur ou que sais-je.

 

Être égoïste signifie se (re)placer au centre de sa vie !

NB: petite anecdote… En cherchant des synonymes du mot « égoïsme » sur internet, j’ai trouvé… « amour de soi! » 😉

Et pour se faire … Osez exprimer vos émotions!

Arrêtez de les retenir de peur de la réaction de l’autre. Vous avez le droit d’être triste et en colère face au comportement de la personne. Il est important là de faire la distinction entre le comportement ET la personne.

Exemple : Un ami vous fait une remarque sur la manière que vous avez eu de réagir avec votre enfant. Cela vous agace et attriste fortement. Vous aimeriez le lui dire mais vous avez peur de sa réaction. Vous n’avez pas envie d’entrer en conflit (la peur du rejet se cache bien souvent derrière). Vous ne voulez pas le blesser, vous vous dites qu’il a son avis et vous le vôtre. Mais dans votre tête, ça rumine. Le soir, vous êtes de plus en plus en colère qu’il se soit permis une telle réflexion alors qu’il n’a même pas d’enfant ! Cette émotion refoulée s’ancre petit à petit dans votre corps et même si, avec le temps, vous avez l’impression de « passer à autre chose », toutes les émotions refoulées restent bel et bien en mémoire et peuvent faire de jolis dégâts. Mais ce n’est pas le thème de cet article.

Revenons donc à notre situation et imaginons que vous laissez votre émotion s’exprimer. Vous dites à votre ami que sa remarque vous met en colère, car il ne sait pas ce que c’est d’élever un enfant ! Il se permet de vous juger sur une seule situation et vous trouvez cela très déplacé. De plus, vous avez l’impression qu’il vous considère comme un mauvais parent et cela vous attriste fortement.

OUF. L’émotion a pu être entendue et exprimée. A ce moment-là, ne vous préoccupez pas de la réaction de votre ami. Peut-être sera-t-il surpris, blessé, en colère, en mode « justification », peut-être que votre intervention permettra à une discussion intéressante de suivre, peut-être engendrera-t-elle une dispute. Mais n’oublions pas que la personne en face est comme notre miroir. Si elle se sent blessée par nos mots, c’est qu’ils ont mis en lumière p.ex. une blessure en elle, comme celle de ne pas avoir d’enfants. Sa réaction lui appartient et vous n’en êtes en aucun cas responsable.

En osant exprimer ses émotions, on se permet d’être authentique et on permet également à la personne en face de l’être.

Sans cela, ne sommes-nous pas hypocrites ? Si on se retrouve dans la position inverse, où quelqu’un exprime ses émotions et que cela nous bouleverse, profitons donc de l’opportunité pour regarder ce qu’elle remue en nous !

Et pour se faire (bis) … Prenez des choix pour vous-mêmes.

Ne vous forcez pas « juste pour faire plaisir à l’autre « .

Prenons la situation depuis un autre angle de vue : vous proposez une balade en forêt à votre conjoint, ce qu’il accepte. Si vous appreniez qu’il avait dit oui juste pour vous faire plaisir ou pour ne pas entrer en conflit, alors qu’il n’en avait pas envie, que ressentiriez-vous ? N’est-ce pas plus agréable une relation où l’on sait que l’autre est authentique, sincère ? Qu’on n’est pas toujours obligé de se questionner sur ses véritables motivations ?

Je vous l’accorde, dire ses émotions, prendre des choix pour soi-même, amène parfois l’autre à réagir d’une manière qu’on aurait aimé éviter. Mais pourquoi avons-nous « peur » de la réaction de l’autre ? De son jugement? Pourquoi ne pas voir sa colère, sa tristesse ou toute autre émotion dite « négative » comme un moyen de nous donner des informations sur nous-mêmes, en observant ce qu’elle remue en nous … et possiblement d’entrer dans une discussion sincère et enrichissante avec l’autre ?

Comme pour chaque expérimentation, je vous invite à les tester tout d’abord pour vous-mêmes, à voir comment cela résonne pour vous, ce que ça remue en vous, pour ensuite l’aborder avec vos enfants. De toute manière, l’enfant ayant pour habitude d’imiter ses parents, le simple fait de l’expérimenter vous-même aura déjà des répercussions sur lui.

Au final...

S’autoriser l’égoïsme, c’est se replacer au centre de sa vie et oser être tel que nous sommes, à chaque instant. C’est montrer à son enfant que c’est OK de ressentir des émotions et de les exprimer, au lieu de l’habituer à refouler « pour être bien vu ». C’est faire preuve d’amour de soi, d’authenticité et de respect envers soi-même… et les autres !