Peut-on juger une expérience ? une technique ? un outil ? 

Les catégoriser en bon ou mauvais ?

En faire des conclusions générales pour notre vie, p.ex. « le yoga me détend, c’est important que j’en fasse jusqu’à la fin de ma vie pour rester en bonne santé » ?

La vie est impermanence.

Tout change à chaque instant. Tout est remis en question à chaque instant. Chaque personne est différente. Chaque moment de la vie de chaque personne est différent. Comment alors affirmer qu’il est possible de trouver THE outil pour se détendre, que CETTE théorie est bonne pour nous, que CETTE manière de s’alimenter est la meilleure pour notre corps, que CETTE technique d’apprentissage est la meilleure pour l’enfant, etc., etc. ? Ce sera peut-être vrai MAINTENANT, mais sommes-nous capables de prédire l’avenir ? Ne nous enfermons-nous pas dans des croyances en agissant de la sorte ? Existe-t-il vraiment UNE technique « idéale » pour chaque expérience, chaque apprentissage ?

Prenons un exemple concret :

L’apprentissage par le jeu chez l’enfant : bien, pas bien ?

Est-il vraiment nécessaire d’entrer dans ce jugement ? A mon sens, la clef est d’expérimenter… et d’observer !

J’utilise aujourd’hui le jeu pour apprendre à calculer avec mon enfant. Il adore, s’enthousiasme, etc. Le piège est alors de se dire : « j’ai trouvé THE méthode d’apprentissage ! Elle permet à l’enfant d’être épanoui, d’apprendre avec motivation, etc.« . Et le lendemain… Patatra ! Je reprends le jeu de la veille (ou j’en invente un autre, peu importe) et là… Peu d’enthousiasme, lamentations. Je me décompose : « Mais pourtant, ça a fonctionné hier ! Et il y a tellement d’études qui prouvent que cet apprentissage est génial. Mais alors… est-ce que je m’y prends mal ? Est-ce que mon enfant a tel ou tel problème » ?

Je peux culpabiliser, me fatiguer à chercher la cause d’un tel changement, car en vivant UNE expérience positive avec cette technique, j’en ai tiré une conclusion générale. J’ai formé une nouvelle croyance. Alors qu’en acceptant l’impermanence de toute chose, en restant dans l’expérimentation et l’observation, je peux simplement observer qu’hier à 14h (et pas un autre moment), pour mon enfant (et personne d’autre), ce jeu-là a fonctionné. C’est tout. Aujourd’hui à 14h, cette méthode ne fonctionne pas et j’en expérimente donc une autre. Et j’observe. Et je continue. Avec curiosité 🙂

C’est pareil pour les ateliers que je propose aux enfants:

A chaque atelier, ils expérimentent une petite histoire méditative. Bien, pas bien ? Quels en sont les bénéfices : apaisement, créativité, joie, confiance en soi, … ? A chaque atelier, avec chaque enfant, l’histoire est vécue différemment. Pouvons-nous dire pour autant que c’est positif/négatif ? Elle est simplement vécue, des effets sont ressentis et on les observe.

Je crée un espace qui permet aux enfants:
– d’expérimenter cette observation;
– de mettre des mots sur l’expérience vécue;
d’observer les ressentis sans faire de conclusion générale du style : « les histoires méditatives sont bien pour moi alors je vais en faire tous les jours ».

Petit à petit, ils se rendent compte qu’on répète souvent le même exercice et ils le vivent de manière différente à chaque fois. Ils sont souvent eux-mêmes étonnés de prendre conscience que, « tiens, j’étais sûr que cet exercice-là je l’adorais et finalement, la fois d’après, je n’avais pas du tout envie de le faire. Est-ce pour autant que l’exercice est bien ou pas bien ? Non, il EST, il existe et puis moi, je l’expérimente à chaque fois de manière différente. Et mon voisin l’expérimente à chaque fois de manière différente. Et je ne peux pas me mettre dans la peau de l’autre en me disant qu’il a l’air de l’avoir vécu de telle ou telle manière ».

Pour conclure...

Nous, êtres humains, avons tendance à tout analyser, catégoriser. Je pense que ça nous rassure, en quelque sorte, ça nous donne l’impression d’avoir « le contrôle » sur notre vie. Ce faisant, on se cloisonne petit à petit dans des croyances, on se met des « œillères ». De plus, on juge selon nos croyances actuelles et passées. On s’empêche donc d’avoir un regard neuf sur chaque instant de vie. Pourtant, accepter que tout change constamment, lâcher nos envies de toujours chercher l’outil parfait, enlève à mon sens beaucoup de pression de nos épaules. Nous pouvons enfin vivre, sans avoir peur de se tromper. Car pouvons-nous réellement se tromper, si tout est expérience ? A méditer…

L’expérimentation que je vous propose aujourd’hui ...

est simplement de sortir du jugement bon/mauvais pour se placer en tant qu’observateur. Observer que tout évolue, qu’aucun outil, exercice, loisir, régime alimentaire, technique n’est bon ou mauvais en soi. Qu’il est juste une expérience de plus dans notre vie et qu’il ne sert à rien d’en tirer une conclusion, une théorie figée, car mon expérience d’aujourd’hui est différente de celle de demain. Expérimentez l’impermanence de toute chose…

Et… commencez avec cet article ! Résonne-t-il pour vous ? Que remue-t-il en vous ? Avez-vous envie de le catégoriser ? A quelle autre expérience de vie vous renvoie-t-il ? Observez, ressentez, sans juger. S’il ne résonne pas pour vous, laissez-le de côté. Relisez-le un autre jour : vos impressions sont-elles différentes ? Faites-le dans la joie, la légèreté et n’hésitez pas à partager vos observations 🙂