Dans la forêt fribourgeoise

Aujourd’hui, l’inspiration ne vient pas. Je me suis pourtant fixé des objectifs pour cette journée et je commence à m’énerver de ne pas y arriver. Alors, j’arrête tout et je regarde la neige printanière tomber à gros flocons depuis ma fenêtre. Et je me questionne.

Qui a décidé de ces objectifs ? Mon cher mental. Celui qui veut tout contrôler. Celui qui a peur de ne pas y arriver, de ne pas aller assez vite. J’ai alors décidé de lâcher ces objectifs du mental qui ne correspondaient pas à mes besoins du moment et qui empêchaient ma créativité. En restant bloquée sur ces objectifs, je me coupais de toute inspiration. Je ne la laissais pas venir à moi naturellement, je voulais la commander sur demande. J’ai alors demandé : de quoi ai-je besoin, maintenant ?

Et je suis sortie me promener dans cette neige inattendue. En écoutant mes besoins profonds, je me reconnecte à l’inspiration créative. Tout est déjà en moi, mais le stress provenant des objectifs m’empêchait d’être à l’écoute. Et me voilà donc, à vous écrire ce nouvel article, qui est le reflet de ce que j’ai envie de transmettre en ce moment.

Aider l’enfant à s’épanouir à son rythme. Qu’est-ce que cela signifie ?

Dans notre société, on dit à l’enfant ce qu’il doit savoir. On lui fixe des objectifs. On a des attentes qu’on lui demande de combler. L’enfant se construit en devant répondre à des exigences extérieures. S’il n’y répond pas ou peu (à nouveau, selon l’appréciation de l’extérieur, généralement d’un adulte), il se voit jugé, parfois rabaissé.

Ces objectifs sont variés. Il y a bien entendu les objectifs scolaires avec la croyance souvent bien ancrée qu’il faut faire de bonnes notes pour réussir dans la vie. Il y a aussi les objectifs sociaux, sportifs, familiaux, etc. Mais qui sommes-nous pour décider que tel ou tel objectif est d’une nécessité première pour s’épanouir ? Pour mettre plus d’importance à une compétence qu’à une autre ? Dans ma classe, c’est quasi quotidien pour moi d’entendre des « je suis nul/le en … , de toute manière » ou « je ne sais pas faire… ». Ils n’ont pas conscience que chaque être humain possède des capacités infinies et qu’il est sur terre pour s’y reconnecter, pour les retrouver, pour apprendre à les utiliser. Et comment les blâmer? La plupart des adultes l’ont également oublié et avancent dans la vie bon gré mal gré, en étant convaincu que nos « défauts » nous définissent et que « c’est comme ça, un point c’est tout. »

Mais revenons aux objectifs: comment les fixons-nous?

Bien souvent, nous, adultes, façonnons les objectifs par la peur : celle que l’enfant ne réussisse pas dans la vie par exemple. Nous avons été conditionnés depuis tout petit et ne faisons que répéter un schéma. L’aspect vicieux de cette histoire est que tout part d’une bonne intention : l’envie de voir notre enfant s’épanouir. Mais nous oublions de lui faire confiance, nous oublions que chaque être naît avec un potentiel déjà en lui. Au lieu de lui apprendre à s’écouter, à s’observer, à découvrir ses compétences propres, on essaie à tout prix de lui transmettre celles qui, à nos yeux, sont primordiales pour sa réussite. On lui trace un chemin qui l’empêche souvent de suivre le sien. Pourtant, avec l’amour et le temps nécessaire, chaque enfant se dirigera naturellement vers ce qui le fait vibrer et développera alors ses compétences au rythme adapté.

Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut rien leur apprendre. C’est plutôt la manière de transmettre qui est à revoir. Apprenons à les écouter, à les observer : quels sont leurs intérêts ? Mettons en lumière leurs forces et apprenons-leur à les développer. Arrêtons d’utiliser la peur pour les motiver à apprendre ! Encourageons-les plutôt à découvrir leur voie, ce qui les passionne et qui leur donnera alors envie d’en savoir davantage. La plupart des adultes avouent avoir oublié une grande majorité des choses apprises à l’école, simplement parce qu’elles ont été apprises pour obéir à des exigences et faire plaisir aux adultes. Apprenons-leur plutôt à écouter leurs propres besoins et à se fixer des objectifs qui leur correspondent, maintenant.

Au lieu de chercher des réponses à l’extérieur, apprenons-leur à regarder à l’intérieur. Apprenons-leur à se fier à leur intuition, à se faire confiance. Apprenons-leur à s’accepter tel qu’ils sont, là, maintenant, à cet instant ; pour cela, apprenons-leur à s’observer avec douceur en montrant que tout évolue et qu’une difficulté aujourd’hui peut devenir une force de demain.

Apprenons-leur à apprécier le présent au lieu de ressasser le passé ou d’avoir peur de l’avenir. Apprenons-leur que chaque instant est différent et qu’ils ont le droit de vivre des états d’être différents. Apprenons-leur à accueillir leurs émotions sans s’y identifier.

Apprenons-leur à voir les autres comme de possibles alliés et non comme des concurrents ; apprenons-leur à choisir la solidarité plutôt que la compétition. Apprenons-leur à se forger leur propre opinion, à être sceptique face aux informations reçues, à expérimenter, à explorer, à questionner.

Apprenons-leur à voir les défis de la vie comme des apprentissages et non comme des obstacles ; apprenons-leur à en comprendre le sens. Apprenons-leur que rien n’est figé et que tout est évolutif ; que chaque moment de vie est propice à l’apprentissage. CHAQUE moment. Ce n’est pas seulement à l’école qu’on apprend, mais tout le temps.

Ainsi, retrouvons, ensemble, le plaisir, l’envie, la curiosité d’apprendre… et de vivre 🙂

Tu peux partager cet article en précisant clairement la source: «Article écrit par Gwendoline Meoli alias Z’ENfants conscients sur le blog https://zenfantsconscients.ch